La Renaissance lyonnaise commence au milieu du XVe siècle, avec l’instauration des foires de Lyon par le roi de France. Cet événement place soudain la cité au cœur du grand commerce européen et dynamise la cité épiscopale. Rapidement, de nouvelles communautés, essentiellement italiennes, viennent s’installer en ville. Lyon devient alors un phare de la Renaissance, avec notamment des activités bancaires et éditoriales intenses.
La vie musicale lyonnaise, à cette époque, reste difficile à quantifier. Elle semble toutefois plus limitée que la vie littéraire ou que l’activité musicale à Paris ou dans les principales cités italiennes.
Nombre des musiciens qui ont exercé à Lyon n’y ont pas passé toute leur carrière, et parfois seule l’édition d’un ou plusieurs livres de musique témoigne de leur passage.
Il ne semble, notamment, pas y avoir eu d’importante activité musicale dans les églises de Lyon, excepté dans les communautés florentines.
Les chanoines de la primatiale Saint-Jean refusent toute évolution de leur manière de conduire les offices, veillant à en rester au plain-chant. Il en est de même pour les chapelles soumises à leur autorité, dans lesquelles on n’identifie aucun maître de chapelle.
Il n’y a que dans l’église Notre-Dame de Confort, paroisse de la communauté florentine lyonnaise, qu’on suppose une réelle activité musicale, due à l’organiste florentin Francesco Layolle, très impliqué dans l’édition musicale aux côtés de l’imprimeur-libraire Jacques Moderne.
Ce dernier occupe une place singulière dans l’industrie éditoriale lyonnaise de la Renaissance consacrant l’essentiel de ses moyens à des projets musicaux d’envergure européenne. Il dédie le reste de son activité à des publications bon marché de livres d’usage commun.
Originaire d’Istrie, il vient s’implanter à Lyon vers 1523, en lien avec la colonie florentine et profite en particulier de ses relations en Italie pour publier le meilleur du répertoire européen qu’il diffuse ensuite via les foires de Lyon. Mettant au point, en même temps que son concurrent parisien Attaingnant, imprimeur du roi, une nouvelle technique à caractères musicaux mobiles, il représente la première alternative aux éditions parisiennes.
Avec l’appui de Francesco di Layolle, il publie une édition en huit volumes des Motetti del Fiore. Imprimée à Lyon, elle constitue l’une des plus grandes collections de motets de la première moitié du XVIe siècle. Aux côtés des œuvres de Gombert, Willaert, Verdelot… connus dans toute l’Europe, figurent les musiques des compositeurs français, issus de la région lyonnaise et des alentours. Un répertoire liturgique unique apparaît. Il nous révèle des œuvres poignantes, liées à la thématique pénitentielle (Psaumes de David), très en vogue dans les cercles lyonnais, et importée en France depuis la Florence de Savonarole.